LA PHOTOGRAPHIE

La Photographie

Hors du pulsionnel, hormis cette action fondamentale qui dans l’action photographique me pousse à apaiser la tension du bon cadrage, hors de l’instinct, hormis celui de l’esthétique s’il existe, la confrontation à la réalité du “Beau” selon la dogma en cours perfuse dans mes veines une sensation de bien-être, de vraie vie. Et je suis fier d’y participer, avec toute l’humilité que cela implique.Tout cela uniquement avec le syndrome de la vision, et la conservation de cette même vision.

Les canons de la beauté établis sur la structure gréco-latine, améliorés par les vertus longilignes scandinaves et germaniques tiennent d’une main de maître l’usage et la référence occidentale contemporaine de la beauté.

Le regard, la vision donc : je me suis souvent posé la question de la cécité. Comment ferais-je, comment poursuivrais-je mon existence ? La réponse est rédhibitoire et sans appel : je ne vivrais pas.

Il faut donc que j’aborde ce thème qui m’est cher, que j’ai maintes fois ressassé comme pour me justifier auprès d’amis et d’inconnus m’écoutant le dire ou le re-dire avec ce sourire discret signifiant “tu nous l’as déjà dit” ou “tu es un menteur, je n’y crois pas.” Mais mes amis me laisse le faire sans doute parce qu’ils m’apprécient quelque peu. Et puis parce que je le clame à nouveau haut et fort: c’est ma vérité.

Voilà le concept et j’en attends des critiques, des moqueries, des réactions offusquées s’il le faut.

Lors des séances de prise de vue j’affirme que le pulsionnel avec ses bagages remplis de convoitise et de concupiscence ne font pas bon ménage avec la photographie. Tout cela pour lutter contre le fait que beaucoup de personnes mal intentionnées pensent avec force de conviction que faire des photos représentant une femme de la part d’un homme, n’a que pour pur objet une optique sexuelle. Si le photographe déclenche son obturateur en ayant le mot “cul” lui traversant l’esprit, sa photo sera nulle et non avenue. La maxime est nouvelle, après “no zob in job” je propose celle-ci “no libido in photo”, mais j’entends des hurlements criant “foutage de gueule”. Mais peu m’importe. Tout cela pour se défendre de cette stupidité régnante que j’ai souvent perçu, sinon entendu, lors de mes relations avec d’autres personnes avec lesquelles je conversais au sujet de ma pratique photographique. 

Vous m’objecterez alors, “Et Sigmund ?”

Je dirais que mon inconscient est sublimé puis transcendé par le clic-clac Kodak. Que mon hypophyse ne s’en porte pas plus mal. Que l’immanence du sujet photographié fait ranger la libido au placard; je sais cela paraît contradictoire, mais tant pis, pour moi, c’est comme ça.

En fait, je ne me défends contre nul réquisitoire à charge, mais je désirais mettre à plat cette histoire, pour en finir et l’écrire noir sur blanc, comme la photo noir et blanc qui m’a transportée dès le début. Amusons-nous avec la langue grecque: après psychotrope militons pour le phototrope - puisque la photo nous transporte. Car si vous consultez ce blog, c’est que la photo vous intéresse un peu...

Sachez bien que je n’écris point un discours contre l’érotisme en photographie, car érotisme ne veut pas dire vulgarité ou pornographie que je sache; et puis je suis convaincu comme le disait Gustav Klimt : tout l’art est érotique. 

J’écris contre la malveillance des personnes qui pensent que produire des photos représentant la femme dans toute sa splendeur c’est mal et amoral, et j’en connais en cette ère du politiquement correct. Leur morale pudibonde et puritaine ne m’atteindra jamais. Et pour contrer les quelques effets pervers de la sexualité à son insu, qui elle-même est nécessaire et fabuleuse, ceux-là même qui viennent parfois mettre des bâtons dans les roues de la création, je citerai pour finir Jean-François Jonvelle qui disait qu’il faut être amoureux de chacun de ses modèles si l’on désire de bons résultats photographiques. 

Jonvelle était un éternel amoureux, moi aussi.

O’nigen’s d’Auvers