27.3.09

ARAGON + FERRE




Louis Aragon a écrit un jour un fabuleux poème chanté par la suite par Léo Ferré, intitulé ELSA, que je vous propose:

ELSA



Suffit-il donc que tu paraisses

De l'air que te fait rattachant

Tes cheveux ce geste touchant

Que je renaisse et reconnaisse

Un monde habité par le chant

Elsa mon amour ma jeunesse


O forte et douce comme un vin

Pareille au soleil des fenêtres

Tu me rends la caresse d'être

Tu me rends la soif et la faim

De vivre encore et de connaître

Notre histoire jusqu'à la fin


C'est miracle que d'être ensemble

Que la lumière sur ta joue

Qu'autour de toi le vent se joue

Toujours si je te vois je tremble

Comme à son premier rendez-vous

Un jeune homme qui me ressemble


Pour la première fois ta bouche

Pour la première fois ta voix

D'une aile à la cime des bois

L'arbre frémit jusqu'à la souche

C'est toujours la première fois

Quand ta robe en passant me touche


Ma vie en vérité commence

Le jour où je t'ai rencontrée

Toi dont les bras ont su barrer

Sa route atroce à ma démence

Et qui m'as montré la contrée

Que la bonté seule ensemence


Tu vins au cœur du désarroi

Pour chasser les mauvaises fièvres

Et j'ai flambé comme un genièvre

A la Noël entre tes doigts

Je suis né vraiment de ta lèvre

Ma vie est à partir de toi


Suffit-il donc que tu paraisses

De l'air que te fait rattachant

Tes cheveux ce geste touchant

Que je renaisse et reconnaisse

Un monde habité par le chant

Elsa mon amour ma jeunesse




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